Les grimpeurs n’ont cesse de chercher à améliorer leurs capacités physiques et leur technique de grimpe. En escalade, l’assurage est considéré comme un truc facile et acquis. Une fois que tu sais donner du mou, prendre sec et ravaler, c’est bon, tu sais assurer.
En réalité, c’est complètement faux.
Nous passons à peu près la moitié de notre vie de grimpeur à assurer. Chacun d’entre nous devrait tâcher d’améliorer ses techniques d’assurage tout au long de sa progression. C’est-à-dire, apprendre et pratiquer les petites subtilités qui font la différence entre le « bon et le mauvais assureur ».
Voici quelques notions clés pour devenir un meilleur assureur. C’est vraiment une composante essentielle pour être un bon partenaire de grimpe.
Cet article est la traduction d’un article paru sur climbing.com (avec quelques ajouts).
Pour aller plus loin, tu peux aussi lire ces autres articles sur le blog :
- L’importance du rôle du « partenaire »
- Comment assurer entre le premier et le deuxième point de la voie,
- Maitriser l’assurage dynamique – ce que tu dois savoir
Pour être un bon assureur, avant la grimpe…
- Mets des chaussures fermées. Si tu trébuches et perds l’équilibre ou te blesses le pied, il y a de fortes chance qu’un réflexe te fasse lâcher la corde.
- Mets ton casque. Un assureur assommé ne vaut rien 😉. Pour grimper, tu ne dois surtout pas mettre le casque si…
- Repère l’endroit où tu vas te tenir pour assurer. Vérifie qu’il n’y a pas d’obstacle entre toi et la paroi au cas où le grimpeur chute et que tu doives sauter. Assure-toi que tu peux bouger en avant/en arrière, mais aussi sur les côtés. Pour le cas où ton grimpeur ferait tomber une pierre. Si tu trébuches pendant que tu assures et que tu tires sur la corde, ça peut faire tomber ton grimpeur.
- Passe ta corde. Prends 1 minute pour passer l’intégralité de la corde dans tes mains et vérifier qu’elle est en bon état et qu’il n’y a pas de noeud. Cette minute peut t’économiser énormément de soucis et de temps perdu. Ce serait trop dommage de ne pas le faire.
- Double-check. C’est une règle d’or mais on ne le répétera jamais assez. Vérifie ton système d’assurage et le noeud de ton grimpeur avant qu’il ne quitte le sol. Vérifie aussi qu’il y a bien un noeud au bout de la corde ou qu’elle est nouée au sac à corde (voilà ce qu’il se passe sinon).
- Communication. Avoir une bonne communication pendant la grimpe est le meilleur moyen d’éviter les problèmes et d’aider le grimpeur à se sentir en sécurité. Tu peux regarder cette vidéo sur la frayeur de Fabien suite à une mauvaise communication, ou les techniques de communication en grande-voie.
- Ne te vache pas à un arbre ou au sol, même si tu es plus léger. Tu ne pourrais pas dynamiser. Tu subirais alors un choc violent en cas de chute du grimpeur. Si le grimpeur est beaucoup plus lourd que toi, vous devriez penser à trouver un autre assureur.
- Regarde la voie. Il peut y avoir des sections de dalles, ou de toit… Des clips avec un risque de retour au sol… Des vires, etc. Mets toi d’accord avec ton grimpeur sur la façon d’assurer dans cette voie. C’est rassurant pour les deux.
- Si tu es plus lourd que ton grimpeur, tu dois savoir comment dynamiser une chute.
Et pendant la grimpe…
- Assure comme LE GRIMPEUR aimerait être assuré. C’est une autre règle d’or (avec le point 4). Tu dois discuter avec ton grimpeur AVANT de commencer pour comprendre comment il aimerait que tu l’assures. Reste concentré sur lui, ne te laisse pas distraire. Pour cette raison, reste debout ! Si tu es assis, en cas de chute du grimpeur, tu ne peux pas réagir correctement. Tu subis la chute de ton partenaire au lieu de pouvoir l’accompagner. De plus, en étant assis, tu te laisseras distraire plus facilement et tu seras donc moins attentif à ton grimpeur.
- Les assureurs les plus légers devraient penser à utiliser un système d’assurage à freinage assisté (Grigri, Matik, …).
- Quand tu n’es pas en train de donner du mou, sois préparé à arrêter une chute en maintenant ta main en position de blocage. Ton grimpeur peut être fatigué, en dehors de sa voie, effrayé, perdu dans la séquence ou en train d’utiliser une prise fragile. S’il n’est pas en train de grimper, il peut tomber à tout moment. Même quand il est en train de grimper d’ailleurs. Il peut tomber sans avoir le temps de te prévenir !
- Tu dois savoir où est ton grimpeur et ce qu’il pourrait taper s’il chutait. Par exemple, il aura peut-être besoin d’un peu plus de mou s’il est au-dessus d’un toit pour pouvoir tomber en dessous et pas sur l’arête. Au contraire, tu devras peut-être le prendre un peu plus sec s’il est au dessus d’une vire ou bien encore proche du sol.
- Garde un oeil sur ta corde. Le repère du milieu (est-ce que la corde sera assez longue pour redescendre le grimpeur ?), le bout.. Qu’elle n’est pas vrillée, qu’il n’y a pas de noeuds, qu’elle ne s’enroule pas autour d’une racine ou d’une pierre. Et que personne ne marche dessus (et surtout pas toi)…
- C’est ton devoir d’alerter le grimpeur s’il a la corde derrière la jambe (Cela peut le faire se retourner et taper la tête en cas de chute). Si tu le vois, crie lui « fais gaffe à la corde » ou « t’as la corde derrière la jambe » pour qu’il se replace immédiatement.
- C’est aussi ton devoir d’alerter ton grimpeur s’il a « Z-clippé » (c’est-à-dire s’il a pris la corde en dessous de la dégaine précédente pour clipper la suivante) ou « back-clippé » (c’est-à-dire que la corde est mousquetonnée « vers la roche » au lieu de « vers l’extérieur »). Si tu ne sais pas ce que c’est , c’est le moment d’aller poser la question à un DE lors de ta prochaine séance dans ta salle ou avec ton club.
- Tant que le grimpeur n’a pas dépassé le 3e point, tu dois le garder sec. C’est-à-dire lui donner le moins de mou possible et l’accompagner dans ses mouvements. Il aura peut-être aussi besoin que tu te rapproches de la paroi pour pouvoir passer par dessus la corde. Voir l’article : “ Comment assurer entre le 1er et le 3ème point “. Ensuite, tu peux te reculer et lui donner un peu plus d’aisance. J’ai un repère pour savoir combien de mou laisser. Je maintiens un petit ballant de corde de façon à ce que mon système d’assurage pende verticalement.
- Anticipe les clippages et sois super-actif avec la corde. Peu importe que ton grimpeur soit plutôt celui qui clippe au niveau de ses hanches ou à bout de bras. Tu dois pouvoir lui donner de la corde très rapidement s’il en a besoin (il n’y a rien de plus désagréable quand on grimpe que de devoir attendre que son assureur en bas veuille bien se réveiller et donner du mou !). S’il ne peut pas aller clipper ou s’il lâche la corde, tu dois être aussi capable de ravaler très très vite pour éviter une énorme chute. L’astuce pour aller plus vite est de se déplacer en avant (pour donner) ou en arrière (pour reprendre). Une autre bonne raison de savoir où on met les pieds.
- Au tout début de la voie, tu dois parer ton grimpeur. Tant qu’elle n’est pas clippée, la corde ne sert à rien. Mieux vaut avoir les mains libres pour bien le rattraper si besoin.
- Encourage ton grimpeur et rassure-le. Un mot ou une phrase peut faire la différence quand on est dans un mouvement difficile. « Vas-y tu peux le faire. » ou « Je suis avec toi, tu ne crains rien. » peuvent avoir plus de pouvoir que tu ne le penses.
- Un système d’assurage à freinage assisté peut ne pas bloquer si le grimpeur est très léger. S’il s’assoit au lieu de tomber, s’il y a du tirage, si tu as le réflexe de bloquer la corde au-dessus de l’assureur, etc. Autant de raisons de toujours garder la main sur la corde du bas.
- Quand tu le redescends, avance jusqu’à la paroi pour y prendre appui avec un pied, juste sous le premier point. Si ton grimpeur était en moulinette, décale sur un côté pour éviter qu’il ne soit gêné dans sa descente par ta corde montante.
Penses-tu à d’autres choses qui caractérisent le « bon assureur » ? As-tu une remarque ? Laisse-moi un commentaire ci-dessous.
À très vite & bonne grimpe.
Fabien
Bonjour,
Merci pour cet article et ces astuces. Une question : quel est selon vous le ratio différence de poids max entre assuré / assureur ? Il y a un peu tout les sons de cloche !
Merci
Karine
Bonjour Karine,
J’avais moi aussi fait des recherches il y a quelques temps et j’en étais arrivé à la même conclusion: personne ne sait vraiment.
Cela dépend de tellement de facteurs: type de corde, type de système d’assurage, frottements (donc type de roche, type de dégaines,…), expérience de l’assureur, etc. etc.
Je crois que le peu de personnes qui a essayé de faire des calculs a laissé tomber pour s’accorder sur une seule règle: le bon sens.
Donc si tu ne te sens pas à l’aise avec ton partenaire qui est beaucoup plus lourd (par exemple), avec qui tu peines à garder les pieds aux sols quand tu le fais redescendre en moulinette, et bien change de partenaire ! 😉
Il n’y a donc pas de conseils pour assurer quelqu’un qui fait 60kg de plus?
Bonjour Sandrine,
60Kg me semble être une très grande différence de poids qui peut impliquer des problèmes, surtout si la personne plus lourde grimpe en tête.
Il y a un matériel qui devraient aider tous les grimpeurs qui ont une grosse différence de poids avec leur assureur. A essayer dès que ça sort !
ELDERID OHM
http://www.edelrid.de/en/ohm/
Salut Karine
Rapport poids assureur et grimpeur :
En Suisse il y a effectivement des normes à savoir un multiplicateur de 1.6 x exple 50 kg donne 80 kg max. . Perso je trouve que c est déjà beaucoup .. En Allemagne dans l association des guides de montagne, ils prennent plutôt un facteur de 1.3x .. en dessus de ce facteur. .. c est la diete 🙂 forcée
Salutations jean marc
Bonjour Jean-Marc,
Merci pour ce partage d’information
Peux-tu citer un site web ou un livre comme source ?
J’ai lu ou vu je ne sais plus où qu’on pouvait assurer jusqu’à 150% de son poids.
Ou il fait un régime! Merci pour le retour.
Il faut aussi que l’assureur vérifie que le neud en bout de corde est bien présent
C’est exact ! Très bonne remarque que j’ajoute dans le point 4. Merci “f” 🙂
J’ajouterai de porter un casque, car un assureur assommé est un assureur inutile en cas de projectiles ou de choc contre la paroie…
Et pour la descente du grimpeur, perso, je ne fais pas glisser la corde mais je l’accompagne à la main en la tenant à chaque fois. C’est peut-être un peu plus long, mais je trouve ça aussi plus sûr.
Bonjour Magali,
Merci pour ton retour, c’est une très bonne remarque ! Je l’ajoute à l’article… du coup on a 21 conseils, le titre devient mensonger 😉
Merci et bonne grimpe.
Salut,
Perso je rajouterai la position de l’assureur: éviter d’être assis, ou sur un contre haut (souvent pour des raisons de “confort”) pour assurer car en cas de chute du grimpeur, l’assureur ne peut pas réagir correctement et subit la chute de son partenaire au lieu de pouvoir l’accompagner. De plus, le fait d’être assis, l’assureur, à mes yeux, se laisse distraire plus facilement et est donc moins attentif sur le grimpeur.
Bonjour Matthieu,
Merci pour ton commentaire. Je suis tout à fait d’accord avec toi, je le rajoute dans le point N°1.
Merci, et bonne grimpe !
salut. z-clippé se dit aussi faire un yoyo.
Merci Nico ! 🙂
Ou tricoter!
As tu un article sur comment bien parer? Même une vidéo ce serait génial
Merci pour tous les conseils
Bonjour Peggye,
Nous n’avons pas encore abordé ce sujet. Selon moi les deux règles à respecter pour parer jusqu’au premier point (ou en bloc) sont:
– se placer SOUS le grimpeur, et pas 1m derrière comme on voit souvent (quand on tombe la gravité nous emmène vers le bas, pas en arrière !)
– ne pas avoir la corde dans les mains. Prévoir suffisamment de mou pour que le grimpeur puisse clipper le premier point, passer la corde dans l’assureur (évidemment!) et la laisser au sol. On s’en occupera une fois qu’il aura clippé le premier point uniquement.
Ensuite, voilà ce que nous faisons: https://grimpe-a-vue.com/manip-secu/que-faire-entre-le-1er-et-le-2eme-point/
Cela répond à tes questions ?
salut fabien
pourquoi ne pas avoir la corde dans les mains??
moi perso on ma appris comme ca? c’est a dire la corde dans les mains
main gauche le morceau de corde que le grimpeur va clipper
main droite l’autre bout de corde en faisant attention de laisser suffisamment de moue bien sur
pour moi cette action et plus logique que de laisser la corde car quand ton grimpeur évolue très vite (ou pas d’ailleurs) il faut pouvoir reprendre la corde très rapidement SANS prendre le MAUVAIS bout de corde
quand le grimpeur clippe ca premiere dégaine on a tout de suite le bon bout de corde et on se recule tout en avalant le surplus ci il y a et le tour et jouer
en plus en reculant d’un coter ou de l’autre du grimpeur on est tout de suite écarté de la ligne de chute
je sais pas si j’ai était assé claire et j’attend de savoir ce qu’il en ai merci
Oui je comprends ce que tu veux dire.
Personnellement je préfère avoir les deux mains libres pour bien parer si besoin, mais ta technique est bonne aussi si tu es sur de toi.
Bonne grimpe 🙂
J’ai découvert l’escalade hier à Chamonix. Aucune appréhension pour grimper, par contre pour assurer, bien plus difficile…c’est flippant d’avoir la “vie” d’une autre personne entre les mains ! Merci pour les conseils !
Et oui, tu es déjà compris quelque chose de très important: Etre un bon GRIMPEUR, c’est aussi être un bon ASSUREUR !
Bon courage pour la suite 🙂
N’hésite pas à partager les photos de ton blog http://www.thegoodtroll.fr sur notre page Fb
l’emplacement du sac a corde a de l’importance également si je suis droitier je vais le poser derrière moi a droite et pas a 10 m a gauche.
Exact ! Bonne remarque 🙂
L’assureur grimpe avec le grimpeur
Bonjour. Comment assurer dynamique quand on est sur un relais en GV sans voir le premier? Merci
perso je grimpe en salle avec une assureuse de 45kg et j’en fait environ 70kg (soit une différence de 25kg). Donc, selon le commentaire de Jean-Marc :
en Suisse cette jeune fille pourrait assurer quelqu’un de 1.6*45=72kg
en Allemagne cette jeune fille pourrait assurer quelqu’un de :
1.3*45 soit 58.5 kg
Perso je suis extrêmement serein et à l’aise quand elle m’assure pour plusieurs raison :
-elle me fait progresser
-et bien sûr elle sait assurer
le seul petit bémol et que j’ai eu est que si elle ne mettait pas bien ses main sous le reverso (si elle ne mets pas assez ses mains en bas, proche du corps) lorsqu’elle me prenait sec pour me reposer, elle me freinait sans vraiment me bloquer, je descendait donc légèrement.
Outre le fait que je suis occasionnellement être freiner plutôt que bloquer lors des repos par cette personne, je pense que ce qui compte le plus est le fait qu’elle me fait progresser et me dépasser, et prendre du plaisir dans la grimpe.
Bien-sûr j’ai ici parler de mon cas et je pense que si l’assureur aurait était encore plus léger cela serait problématique.
Voici mon retour d’expérience.
Sylvain, alias Cnoby
Slt Fabien,
j’ai des maniques en cuir je les met pour assurer un poids plus lourd….Pour éviter au cas où de me “bruler” les doigts
Merci pour cet article que j’envoie dessuite à une amie qui débute.
Cess.